La capsule Sarco : une innovation controversée pour la fin de vie

La capsule Sarco est une des dernières technologies pour le suicide assisté, mais son développement et son utilisation suscitent un débat international.

 
 

En Suisse, la capsule Sarco a relancé les débats de société autour de la fin de vie

 

Informations importantes

Si vous-même ou quelqu'un que vous connaissez traversez une période difficile, vous n'êtes pas seul·e, il existe de l'aide. En France, vous pouvez contacter le numéro national de prévention du suicide au 3114 ou Suicide Écoute au 01 45 39 40 00. Pour un soutien international, visitez Befrienders Worldwide et IASP pour des informations sur les centres d’aide du monde entier. Parler peut faire toute la différence. Prenez soin de vous et n’hésitez pas à demander de l’aide.

 

Les innovations autour de la fin de vie

Les avancées technologiques de ces dernières années ont permis de développer des produits innovants et tout droit sortis d'un film de science-fiction comme ChatGPT, des voitures électriques autonomes, et de nouveaux robots humanoïdes.

La fin de vie n'est pas exempt de ces nouvelles innovations. Parmi les dernières innovations : la capsule Sarco a particulièrement attiré l'attention des médias et du public, soulevant des questions importantes sur l'avenir, technologique et légal, de l'euthanasie et du suicide assisté.

Cet appareil suscite à la fois fascination et inquiétude. Son développement et sa mise en œuvre ont relancé les débats de société autour de la fin de vie et ont généré aussi bien de l'enthousiasme que des arrestations lors d'événements récents.

Mais qu’est-ce que Sarco exactement, comment fonctionne-t-elle, et pourquoi fait-elle tant parler d’elle ?

 
 

La capsule Sarco

La capsule Sarco (abréviation de "sarcophage") est un appareil d'aide à la fin de vie développé par Philip Nitschke et son organisation Exit International. Cette capsule futuriste, imprimée en 3D, se présente comme une chambre individuelle ergonomique, conçue, selon son créateur, pour permettre une fin de vie dans la dignité.

À l'origine de Sarco, Philip Nitschke, un médecin australien et militant en faveur de l’euthanasie, depuis des décennies. Nitschke, également connu sous le nom de Dr. Mort ou "l'Elon Musk du suicide assisté", a conçu Sarco comme une réponse aux méthodes actuelles d’euthanasie assistée. Ce dispositif vise à offrir une option autonome et, selon ses défenseurs, plus "digne" pour ceux qui souhaitent mettre fin à leurs jours.

Le style de la capsule, à l'image d'un petit vaisseau spatial a un but: "Cela vous donne l'impression que vous dites adieu au monde", a déclaré le médecin dans une interview donné pour Wired. La capsule d'euthanasie a été conçue pour que la personne ou le patient n'ait pas besoin de l'aide d'un médecin pour assister son suicide et puisse donc mourir, sans assistance, en toute autonomie.

Selon Nitschke, les gens devraient avoir le droit de mourir même s'ils ne sont pas atteints de maladie en phase terminale. Depuis des années, ses pensées et pratiques peu conventionnelles lui ont valu la suspension de sa licence médicale et la censure de ses livres, en passant par des accusations de meurtres de la part des familles de participants aux procédures de son organisation.

 

Fonctionnement de la capsule Sarco

Une fois la personne enfermée à l'intérieur de la capsule, elle peut appuyer sur un bouton qui libère de l'azote et provoque une perte de conscience jusqu'à atteindre la mort de manière indolore.

En théorie, la personne qui fait le choix d'utiliser la capsule Sarco doit d'abord répondre à trois questions, posées par la machine : Qui êtes-vous ? Où êtes-vous ? et Savez-vous qu'en appuyant sur ce bouton, vous allez mourir ? Si les réponses sont approuvées, le patient voit alors une lumière bleue éclairer un des boutons de la capsule et peut choisir de mettre fin à ses jours en appuyant dessus.

Cependant, la technologie pour cette interaction humain-machine n'est pas encore perfectionnée. La capsule est équipée pour provoquer une hypoxie, une réduction drastique de l’oxygène dans le corps. Après avoir appuyé sur le bouton, la capsule se remplit d'azote en quelques secondes. Pendant ce temps, Nitschke, son créateur, recommande de prendre de profondes respirations pour "un départ plus calme".

Cette capsule a été développée dans ses bureaux, aux Pays-Bas, mais il a été décidé qu'elle serait placée dans un endroit d'une forêt suisse, où sa première utilisation effective a eu lieu. La capsule Sarco, dont la fabrication peut se faire grâce à de l'impression 3D, coûte environ 15,000€ à imprimer, mais l'équipe travaillerait à réduire les coûts d'impression et à améliorer la technologie, grâce à l'aide de l'IA. et pour permettre la démocratisation de son usage.

 

Cadre légal de la fin de vie en Suisse

La Suisse est connue pour sa législation libérale en matière de suicide assisté dans le monde. Contrairement à de nombreux autres pays et certains de ses voisins européens, où l'euthanasie et le suicide assisté sont illégaux, la Suisse autorise ces pratiques, suivant des conditions strictes

Des organisations comme Dignitas et Exit International accompagnent ainsi chaque année de nombreuses personnes, souvent des ressortissants étrangers, souhaitant mettre fin à leurs jours dans des conditions médicalement contrôlées. C’est dans ce contexte que Sarco s’est récemment fait une place, parmi les innovations dans le domaine de la fin de vie.

 

Le suicide assisté est légal depuis 1942 en Suisse, sous certaines conditions strictes :

  • La personne doit être capable de discernement

  • La décision doit être réfléchie et persistante

  • La personne doit être capable d'effectuer le geste final elle-même

  • L'assistance ne doit pas être motivée par des raisons égoïstes

Bien que les réglementations libérales d'assistance au suicide en Suisse semblent permettre le développement d'innovations comme la capsule Sarco, de récents événements ont montré que l'utilisation de ce "service", dans les faits, n'a pas réussi à obtenir l'approbation légale escomptée par son créateur.

 

Les dernières actualités

La première personne à avoir utilisé la capsule Sarco a été une femme américaine de 64 ans souffrant d'un système immunitaire défaillant depuis plusieurs années. Elle décèdera environ sept minutes après avoir appuyé sur le bouton, à l'intérieur de la capsule. La capsule avait été placée dans un refuge forestier près de la frontière allemande, le 23 septembre 2024. Peu de temps après ce décès, la police suisse a arrêté quatre personnes impliquées dans l'affaire et a ouvert une enquête criminelle.

Les autorités suisses déclarent que le dispositif et le processus utilisés pour l'aide au suicide ne respectent pas la législation en vigueur dans le pays. En effet, selon la ministre de l'Intérieur Suisse, Élisabeth Baume-Schneider, la « capsule de suicide Sarco n’est pas conforme au droit » car le produit utilisé pour plonger les patients en état d'hypoxie, l'azote, n'est pas autorisé à cette fin dans la liste des produits chimiques approuvés en Suisse.

 

Une capsule qui fait débat

Les autorités suisses avaient précédemment averti les fabricants que l'utilisation du Sarco sur le territoire suisse serait illégale, et de nombreuses personnes s'opposaient déjà à son utilisation. Après les déclarations de la police et de la ministre, le débat s'est intensifié. Même les défenseurs de l'euthanasie ont critiqué son utilisation, arguant qu'elle n'avait pas été suffisamment testée et qu'elle ne respectait pas la législation suisse.

Cependant, Exit International et Last Resort - une organisation de défense des droits humains pour le suicide assisté qui a participé au processus d'"aide au suicide" - et leurs avocats estiment que l'utilisation de ce dispositif est légale et justifiée. L'enquête est toujours ouverte, et les 371 demandes ayant été déposées par des patients souhaitant utiliser la capsule Sarco de suicide assisté ont été suspendues.

 

Les derniers mots

La capsule Sarco représente une innovation significative dans le domaine de la fin de vie médicalement assistée, que l'on se situe parmi ses défenseurs ou ses détracteurs. Controversée, elle illustre l'évolution des approches envers la fin de vie et le suicide assisté mais surtout les questions liées à la fin de vie, débattues dans les sociétés européennes, et en France notamment. Son développement continue de susciter des débats importants sur l'équilibre entre l'autonomie individuelle et la protection des personnes vulnérables.

L'avenir nous dira si cette technologie deviendra une option plus répandue dans les pays autorisant l'euthanasie et le suicide assisté. En attendant, elle contribue à un dialogue nécessaire sur la dignité en fin de vie, nos libertés individuelles et l'évolution des pratiques médicales sur ces domaines sensibles.

Sur Sool, vous trouverez plus d'informations sur les lois concernant la fin de vie dans le monde, les controverses autour de l'euthanasie et du suicide assisté, et plus de contenu pertinent sur la fin de vie.

 

Informations importantes

Si vous traversez une période difficile, vous n’êtes pas seul·e. Si vous ou quelqu'un que vous connaissez traversez une période difficile, il existe de l'aide.

En France, vous pouvez contacter le numéro national de prévention du suicide au 3114 ou Suicide Écoute au 01 45 39 40 00.

Pour un soutien international, visitez Befrienders Worldwide et IASP pour des informations sur les centres d’aide du monde entier.

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